FAQ
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Questions générales sur la HRMI
HRMI est une initiative non partisane constituée de chercheurs et de professionnels des droits humains du monde entier. Notre objectif est de créer un monde dans lequel les individus peuvent vivre dignement, quels qu’ils soient et où qu’ils habitent. Nous considérons que les sociétés ont tendance à « mesurer ce qu’elles chérissent le plus, et à chérir ce qu’elles mesurent ». En tant que défenseurs des droits humains, nous pensons que des mesures adéquates dans le domaine des droits humains peuvent nous aider à faire des progrès plus rapides.
Notre objectif est de fournir des données exhaustives sur les droits humains énoncés dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et dans les Instruments internationaux des droits humains des Nations Unies. Le développement d’un ensemble complet de mesures prendra du temps et nécessitera beaucoup de ressources. Nous avons commencé par les droits contenus dans la Charte Internationale des Droits Humains – i.e. la Déclaration universelle, le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (ICCPR) et le Pacte International relatif aux Droits Économiques, Sociaux et Culturels (ICESCR) – et qui ont déjà fait l’objet de recherches universitaires, afin de réduire le temps nécessaire à l’élaboration d’indicateurs pour chacun de ces droits. Dans le domaine des Droits Économiques, Sociaux et Culturels, nous nous sommes également appuyés sur les commentaires généraux de l’organe de contrôle de l’ICESCR (qui délimitent plus finement les droits fondamentaux et le contenu normatif de chaque droit). Nous avons suivi la classification faite par l’Office au Commissaire aux Droits Humains des Nations Unies (OHCHR) des droits sociaux et économiques fondamentaux en traitant le droit à l’eau comme un composant clé du droit au logement. Les limitations propres aux données ont aussi une influence sur les droits choisis : par exemple, nous n’avons pas d’indicateur spécifique au droit à la sécurité sociale, bien que notre indicateur relatif au droit au travail tienne compte de certaines caractéristiques du droit à la sécurité sociale.
Le fait que certains droits aient été choisis pour notre sélection initiale n’implique pas qu’il sont considérés comme plus importants ou plus fondamentaux que les droits qui ne sont pas inclus dans cette sélection. En tant qu’organisation, HRMI considère que tous les droits humains sont universels, inaliénables et interdépendants. Nous avons pour objectif d’élaborer progressivement des mesures qui reflètent l’égale importance de tous les droits pour une vie digne.
Nous sommes très attachés à mesurer les violations des droits humains dans des régions spécifiques et dans des sous-groupes vulnérables de populations. Tous les individus ont les mêmes droits. Pour les droits civils et politiques, l’information collectée dans notre étude pilote et dans les études ultérieures nous aidera à identifier les sous-populations particulièrement vulnérables aux violations de droits dans chaque pays. À plus long terme, nous envisageons de mettre en place des mesures pour des groupes spécifiques.
Pour les droits économiques et sociaux, notre méthodologie peut être utilisée pour identifier le respect des droits dans certains sous-groupes de population lorsque les données nécessaires sont disponibles. Cela a déjà été fait pour certains pays. Par exemple, Randolph, Prairie et Stewart (2012) montrent que le droits sont respectés à des degrés très variables dans les différents États des États-Unis et qu’il existe des différences importantes entre les groupes ethniques. En fait, le score le plus élevé dans n’importe quel État concernant le respect des droits des populations noires et hispaniques est plus bas que le score le plus bas concernant le respect des droits des populations blanches.
Par ailleurs, une étude de Shareen et Randolph (2015) montre qu’en Inde, l’importance de la famine et de la malnutrition varie d’État à État, mais pas à cause d’une production alimentaire inadéquate. Les États avec la production alimentaire la plus élevée par habitant respectent moins les droits à l’alimentation que les États avec une production alimentaire par tête moins élevée. (Hertel, Shareen, et Susan Randolph. 2015. « The Challenge of Ensuring Food Security: Global Perspectives and Evidence from India. » Chapitre 8 de Closing the Rights Gap: From Human Rights to Social Transformation, édité par La Dawn Haglund et Robin Strykler. Oakland: University of California Press.)
Les gens pensent souvent qu’il existe déjà de bons indicateurs de la performance en termes de droits humains. Malheureusement, les données existantes sont fragmentaires et de qualité variable, en particulier pour ce qui concerne les droits civils et politiques. Ceci est dû en partie au caractère politiquement sensible des droits humains – cela signifie d’ailleurs que de telles mesures doivent être produites en toute indépendance vis-à-vis des gouvernements.
Toutes les données d’HRMI seront disponibles sous licence internationale Creative Commons Attribution – Utilisation non commerciale 4.0 International. Ces données ont vocation à être utilisées dans divers cadres:
- pour soutenir la recherche et la promotion des droits humains
- pour faciliter la mise en place de politiques adaptées
- pour contrôler/évaluer l’impact
- pour encourager des flux de capitaux plus éthiques
À terme, nous espérons grâce à nos données instiller un changement profond dans la vie de milliard de personnes.
Les données d’HRMI sont à plusieurs égards complémentaires à celles des Objectifs de Développement Durable (ODD).
Dans le domaine des droits économiques et sociaux, nos données sont pertinentes par rapport aux objectifs 1, 2, 3, 4 et 10 des ODD. Plusieurs indicateurs officiels des ODD pour ces objectifs sont aussi des indicateurs que nous utilisons pour mesurer les droits économiques et sociaux. La valeur ajoutée principale des données d’HRMI est que pour les cibles des ODD (p.ex., l’élimination des retards de croissance infantile) qui recoupent un indicateur utilisé dans l’une de nos mesures, nos données économiques et sociales permettent de mettre en lumière les faits suivants :
- Dans quelle mesure un pays donné utilisant de bonnes pratiques peut se rapprocher d’une cible ODD avec ses propres ressources
- Dans quelle mesure un pays met en œuvre tout ce qui est raisonnablement possible pour atteindre la cible concernée
- L’ampleur des ressources financières que les pays les plus riches vont devoir mettre à la disposition d’un pays pauvre donné pour atteindre la cible en question
Ceci est important parce que les ODD considèrent tous les pays réalisant la même valeur cible pour chaque indicateur. De nombreux pays du Sud ne pourront pas atteindre ces cibles seuls, même si ils investissent le maximum de leurs ressources disponibles et utilisent les meilleures pratiques. C’est pourquoi, dans le cadre des ODD, il est demandé aux pays les plus riches d’aider les pays pauvres à relever le défi en facilitant l’expansion de leurs capacités et de leurs ressources via des transferts vers des ressources financières, techniques et institutionnelles. La méthodologie relative aux droits économiques et sociaux d’HRMI permet de mettre en lumière ce que devraient être les contributions de chaque pays par rapport aux contributions de la communauté internationale.
Dans le domaine des droits civils et politiques, nos données peuvent aider à contrôler le respect l’objectif 16 des ODD, qui est centré sur la promotion de la «paix, de la justice et d’institutions efficaces». Par exemple, parmi les cibles spécifiques associées à l’objectif 16 dont nos données pourraient permettre de rendre compte :
Cible de l’objectif 16 | Indicateur(s) rélévant(s) de HRMI/s |
Réduire nettement, partout dans le monde, toutes les formes de violence et les taux de mortalité qui y sont associés | Droit de ne pas faire l’objet de torture Droit de ne pas être soumis à la peine de mort Droit de ne pas faire l’objet d’une arrestation arbitraire Droit de ne pas faire l’objet de disparition |
Promouvoir l’État de droit aux niveaux national et international et donner à tous accès à la justice dans des conditions d’égalité | Les même droits que ci-dessus + droit de ne pas faire l’objet d’arrestation arbitraire |
Mettre en place des institutions efficaces, responsables et transparentes à tous les niveaux | Droit de participer aux affaires publiques Droit d’opinion et d’expression Droit de réunion et d’association |
Garantir l’accès public à l’information et protéger les libertés fondamentales, conformément à la législation nationale et aux accords internationaux | Les 7 droits mentionnés ci-dessus |
Nous publions les données HRMI chaque année entre mai et juin. Inscrivez-vous à notre lettre d’information occasionnelle pour être informé de la publication de nouvelles données.
Consultez l’une de nos visites guidées des données du Rights Tracker sur notre chaîne YouTube pour une explication des scores.
Notre guide détaillé de la méthodologie devrait vous aider à comprendre comment nos données sont obtenues. Néanmoins, nous n’avons pas les ressources nécessaires pour fournir un commentaire détaillé des scores de chaque pays. Pour une discussion plus générale concernant les défis relatifs aux droits humains dans chaque pays, nous vous recommandons de consulter les sites internet d’ONG locales ou internationales travaillant dans le domaine des droits humains (e.g. Amnesty International et Human Rights Watch).
La construction de nos indicateurs et de nos mesures économiques et sociales a été approuvée sur une période de plusieurs années par des experts occidentaux mais aussi non occidentaux. L’élaboration de notre méthodologie relative aux droits civils et politiques et des enquêtes s’est faite avec l’apport de participants issus de cultures non occidentales. Les informations récoltées sur le terrain le seront par des répondants présents dans le pays autant que possible.
Méthodologie relative aux droits civils et politiques
Pour l’étude pilote, les répondants doivent entrer dans l’une de ces catégories :
- Experts en Droits Humains (chercheur, avocat, etc.) faisant un travail de veille dans un des pays pilotes.
- Journalistes spécialistes des problématiques relatives aux droits humains dans un des pays pilotes.
- Le personnel travaillant pour l’Institution Nationale des Droits de l’Homme (INDH) d’un pays participant à l’enquête, UNIQUEMENT s’il est pleinement conforme aux principes de Paris, notamment en étant totalement indépendant dans l’accomplissement de leur mandat.
Puisque nous ne sommes pas en capacité de sélectionner nous-mêmes tous les répondants, nous allons travailler avec des partenaires de confiance qui vont nous aider à nous mettre en relation avec de potentiels répondants pour remplir les critères énoncés ci-dessus . Nous demanderons ensuite aux répondants potentiels de nominer d’autres répondants dans un pays correspondant à nos critères (approche « boule de neige »). L’identité des répondants sera préservée afin de ne pas mettre ces personnes en danger par le seul fait d’avoir partagé leur perception des événements.
Les réponses à nos enquêtes reflètent les connaissances de la personne répondant à l’enquête, et non l’opinion de l’institution ou de l’employeur pour lequel ils travaillent. Il peut donc y avoir plusieurs répondants au sein d’une même institution ou entreprise.
Les partenaires de confiance sont des employés d’ONG internationales travaillant dans le domaine des droits humains, des réseaux d’ONG nationales de plus petite taille, des réseaux d’experts (par exemple, des journalistes), ou des Institutions Nationales des Droits Humains (INDH) de statut « A ». Notre travail est toutefois entièrement indépendant de ces organisations, qui ne peuvent pas être tenues responsables des études réalisées par HRMI. Voici quelques-uns de nos partenaires de confiance : Amnesty International, Forum de l’Asie de l’Est, Comité pour la protection des journalistes (CPJ), Human Rights Watch (HRW), le Fonds mondial des droits humains, ATLAS femmes et Réseau mondial de journalisme d’investigation (GIJN).
Bien que l’État soit le principal garant des droits humains, il en est également le principal transgresseur (Donnelly 2003: 35). En droit international, l’État en droit a un statut particulier : c’est l’entité principale investie de la responsabilité de garantir le respect des droits humains. Les gouvernements ont donc beaucoup de raisons de minimiser, de limiter et de nier leur responsabilité pour de nombreux problèmes relatifs aux droits humains. Nous préférons donc collecter l’information auprès d’acteurs qui n’ont pas de conflits d’intérêt majeurs.
Nous prévoyons d’étendre notre couverture nationale chaque année. Pour connaître tous les pays que nous couvrons à l’heure actuelle, veuillez consulter notre page consacrée à la couverture des pays.
Les professionnels des droits humains sont souvent menacés de persécution par leur gouvernement. Nous devons tenir compte de ce fait et mettre en place des processus clair pour collecter et stocker ces informations de manière sécurisée.
Une étape clé du traitement des données consiste à analyser les réponses des personnes interrogées aux questions sur un ensemble de pays hypothétiques : les « vignettes d’ancrage ». Les réponses que les gens donnent aux questions sur ces vignettes d’ancrage nous indiquent comment interpréter leurs réponses sur leur propre pays. Cela nous permet de comparer correctement les réponses des gens, même si ces personnes comprennent la question différemment les unes des autres, ou interprètent l’échelle (de, par exemple, « légèrement » à « extrêmement ») différemment.
Il y a aussi une autre raison pour laquelle ces vignettes sont importantes. Les vignettes d’ancrage décrivent trois situations nationales fictives qui représentent toujours trois catégories : un pays qui s’en sort plutôt bien en matière de respect des droits de l’homme, un pays qui s’en sort très mal et un autre qui se situe entre les deux. Nous nous attendons à ce que chaque personne interrogée donne des réponses légèrement différentes quant à la place qu’elle accorde à chaque pays sur l’échelle, mais tout le monde doit les placer dans le même ordre, le bon pays obtenant le meilleur score et le mauvais pays le pire. Si une personne interrogée les classe dans un ordre différent, nous devons supposer qu’elle n’y prête pas attention ou qu’elle n’a pas une compréhension claire des droits de l’homme. S’ils commandent mal les vignettes, nous devons disqualifier leur réponse pour leur propre pays pour cette section. En fin de compte, il est essentiel de répondre correctement aux questions de la vignette si vous souhaitez que vos autres réponses contribuent aux données de Rights Tracker.
Les vignettes peuvent sembler un peu étranges à lire lorsque les gens commencent l’enquête, mais elles constituent un élément absolument crucial de la méthodologie, contribuant à garantir la validité et la crédibilité de nos données.
Méthodologie relative aux droits économiques et sociaux
L’innovation majeure de notre méthodologie relative aux droits économiques et sociaux est que celle-ci intègre une approche basée sur les faits afin d’identifier ce qu’un pays peut réaliser pour chaque niveau de revenu par habitant. Les techniques économétriques sont utilisées pour estimer un Achievement Possibilities Frontier pour chaque indicateur qui reflète ce qui est faisable par rapport à ce qui a été atteint par les pays qui ont les meilleurs résultats, pour chaque niveau de revenu par habitant. Ces Achievement Possibilities Frontiers correspondent à des performances de référence pour chaque niveau de revenu par habitant par rapport auxquelles est calculée la performance effective des pays. Cette approche est développée plus en détail dans les ressources mentionnées sur la page de méthodologie.
Les scores des mesures relatives aux droits économiques et sociaux indiquent le pourcentage du niveau réalisable de satisfaction atteinte pour un droit donné (relativement au niveau de revenu du pays), pas le degré auquel les individus de ce pays jouissent du droit en question Un pays pauvre peut donc atteindre un score élevé même si le droit n’est pas respecté dans une grande partie de la population. Inversement, un pays qui possède plusieurs fois les ressources nécessaires au respect du droit mais qui ne le respecte pas va recevoir un score plus bas.
Le fait que les mêmes données ne sont pas toujours collectées pour tous les pays du monde signifie que nous avons deux mesures différentes des droits économiques et sociaux : les Core Right metrics et les High Income OECD Right metrics. Pour chaque type de mesure, les indicateurs relatifs aux droits sont directement comparables entre les pays et dans le temps. Tous les pays sont évalués à l’aune des deux ensembles d’indicateurs (les Core Right metrics et les High Income OECD Right metrics) pour autant que les données soient disponibles.
Nous imposons une pénalité au score des pays dont les niveaux de revenu par habitant sont plusieurs fois assez élevés pour atteindre le score maximal mais qui ne l’atteignent pas. Plus précisément, si le revenu par habitant Y d’un pays est plus grand que le niveau de revenu par habitant correspondant à la limite des possibilités de réalisation Yp et que la performance du pays quant à cet indicateur est inférieure à 100 % de la limite des possibilités de réalisation, alors nous réajustons le score du pays de x %: une pénalité est soustraite du score pour obtenir le score de performance. La pénalité s’accroît par un facteur lié à Yp relativement à l’accroissement du revenu par habitant et la taille de la pénalité dépend du score de l’indicateur.
Les indicateurs statistiques qui alimentent chacun des ensembles de mesures des droits sont énumérés dans notre manuel de méthodologique.